POURQUOI ÊTRE SYNDIQUÉ DANS LA CONSTRUCTION ?
Certaines discussions reviennent sur la table à l’occasion. En tant que syndicalistes, nous avons constamment à défendre notre bilan sur le long terme. On a un travail important de sensibilisation à faire, pour nos membres et les gens de la société civile.
Le point de départ : Nous n’avons rien obtenu sans lutter.
Certains abordent la question avec naïveté, pensant que le patronat s’est levé un bon matin et a dit : pourquoi pas la journée de 8 heures ! Ensuite il s’est dit : Il me semble que si nos gens travaillent les fins de semaines, il faudrait que ce soit à temps double. Les patrons se seraient dit ensuite dit : il faudrait bien qu’il ait des assurances et un fonds de pension pour ses vieux jours !
Il faudrait être extrêmement naïf pour penser que votre boss envisage de vous payer plus parce qu’il est gentil. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas avoir un bon boss, mais il ne faut pas oublier qu’il travaillera toujours pour sa poche, c’est le système qui est fait comme cela. Nous n’avons pas besoin de chercher bien loin pour nous apercevoir que sans l’organisation de la classe ouvrière, le travail des enfants serait encore légal au Canada. Ces précieux acquis sociaux ont été obtenus par le sang, les cris, la violence, les pleurs mais surtout, par la solidarité des ouvriers et des ouvrières.
Des gens ont été matraqués, certains sont même morts pour la journée de 8 heures. Elle n’est pas tombée du ciel. Plusieurs ont tendance à l’oublier.
- Si les syndicats ne servaient à rien, pourquoi alors le salaire d’un syndiqué est en moyenne 5$ de l’heure plus élevé que le non-syndiqué ?
- Si les syndicats sont si inutiles, pourquoi les travailleuses et travailleurs syndiqués sont presque 20 % plus nombreux que les travailleuses et travailleurs non syndiqués à avoir droit à des avantages sociaux, comme l’assurance-médicaments, les régimes de soins dentaires ou de soins de la vue.
- Si les syndicats sont si inutiles, pourquoi plus de 70 % des travailleurs syndiqués ont accès à un régime de retraite, comparativement à moins de 30 % des travailleurs non syndiqués.
Un exemple frappant : La désyndicalisation catastrophique du résidentiel dans les années 90.
Nous avons accumulé des faits à partir de témoignages de représentants qui ont eu des discussions avec les travailleurs du secteur résidentiel à l’époque.
- Dans les témoignages acquis, nous avons une fiche de paie qui est passée de 22$/heure (salaire à l’époque) à 12$/heure, pour le même travail, suite à la désyndicalisation.
- On nous a aussi mentionné une quantité énorme d’appels de détresse aux bureaux syndicaux durant cette période, même si les travailleurs n’étaient plus syndiqués.
- Les travailleurs, à partir de salaires de crèves faim, devaient eux-mêmes assumer la totalité de leurs assurances et épargner pour la retraite, sans aucune contribution de l’employeur.
- Pas de pension pour la distance, pas d’overtime, pas de vacances, pas de frais de déplacement et on en passe. Selon les dires des gens consultés, c’était la jungle.
- Une absence de vérification des cartes de compétence des travailleurs de la construction dans le résidentiel.
- Une dérèglementation qui amenait les travailleurs à assumer plus de risques pour une paie réduite.
- Et enfin : aucun effet à la baisse sur le prix des propriétés. On se rappellera que c’était la promesse qui avait été faite suite à cette désyndicalisation.
Marc-André Blanchette
Responsable des communications – AMI-FTQ-Construction
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