OBSERVATOIRE DES INÉGALITÉS – UN OUVRIER VIT SIX ANS DE MOINS QU’UN CADRE.
Aujourd’hui, abordons ensemble une réalité qui reste trop souvent dans l’ombre des discussions publiques : l’écart d’espérance de vie entre les ouvriers et les gestionnaires. Ce n’est pas qu’une statistique, mais un reflet d’injustices profondes qui sont de plus en plus évidentes.
D’ailleurs le fait que nous soyons obligés d’aller chercher des statistiques de France pour prouver ce que nous savions déjà est très inquiétant, et à la limite une forme de mépris pour celles et ceux qui se lèvent chaque matin pour construire le Québec.
COMME SI CE N’ÉTAIT PAS ASSEZ : LES OUVRIERS VIVENT MOINS LONGTEMPS, ET PLUS FRÉQUEMMENT AVEC DES INCAPACITÉS.
Ce qu’explique une autre étude (encore de France) : non seulement les ouvriers et ouvrières vivent moins longtemps que les gestionnaires, mais doivent vivre beaucoup plus fréquemment avec des incapacités durant cette vie écourtée. C’est le principe de la double peine des ouvriers et ouvrières.
UN RÉGIME QUI DISCRIMINE LES OUVRIERS, TOUT SIMPLEMENT.
D’un côté, les ouvriers comme nous qui sommes exposés à des facteurs de risque plus élevés : stress intense, maladies professionnelles, accidents de travail et environnements de travail nocifs. Des effets d’une industrie qui continue de créer des nuisances, même après la retraite.
En parallèle, des gestionnaires, confrontés à leurs propres défis, jouissent généralement de lieux de travail sécuritaires, d’environnements de travail moins nocifs et de conditions de travail qui, en comparaison, sont moins usantes.
En tant que syndicalistes, nous devons nous lutter pour une égalité véritable, pour que chaque travailleur, qu’il soit ouvrier ou gestionnaire, puisse bénéficier des mêmes standards de santé et de sécurité.
Ne nions pas cependant que notre travail réduit significativement à notre espérance de vie.
NOS GOUVERNEMENTS DISTRIBUENT NOTRE ARGENT AUX RICHES, MAIS NE LA REMETTENT DANS NOS POCHES QUE TROP RAREMENT.
Bon nombre de gouvernements, au fil du temps, ont tenté de faire avaler aux syndicats comme le nôtre la nécessité de revoir les régimes de retraite pour assurer leur viabilité financière ? Ils prétendent que nous n’avons pas les moyens pour les régimes de retraite, mais la pluie de milliards sur les grandes multinationales continue.
Pourtant, le gouvernement du Québec appuie massivement les entreprises. En 2022, par exemple, le Québec a versé 2,8 milliards de dollars en crédits d’impôt aux entreprises, entre autres, soit trois fois plus que l’Ontario, toute proportion gardée.
Or, les raisons qui motivent cette remise en question de nos acquis sociaux sont avant tout politiques. Le tout est fondé sur une profonde injustice pour des ouvriers et ouvrières, en fonction de la simple mesure de leur espérance de vie.
Quel message nos gouvernements tentent-ils de passer aux ouvriers s’ils cherchent constamment à repousser l’âge de la retraite ?
Si nous vivons six ans de moins que la moyenne et que nous travaillons, par exemple deux années de plus comme certains l’ont proposé il n’y a pas si longtemps, nous aurons cotisé toute notre vie pour remplir les poches de ceux qui reçoivent des milliards sans engagement envers le peuple. Nous aurons donc perdu notre vie à enrichir les plus riches ?
Enfin, cet écart de longévité est inacceptable, d’un point de vue de l’égalité garantie par nos chartes.
D’ailleurs, le temps que cette injustice perdurera, elle alimentera la colère des ouvriers.
Sachant que notre industrie est la plus meurtrière en terme de décès au travail, les ouvriers et ouvrières de la construction ont toutes les raisons légitimes de demander d’avoir plus pour le sacrifice qu’ils/elles font de leur durée de vie.
À chaque tentative de repousser l’âge de la retraite, votre syndicat ainsi que la FTQ au grand complet seront présents et engagés à défendre vos acquis, pas seulement sur les chantiers, mais aussi à l’extérieur.
Parce que votre qualité de vie en dehors des chantiers est avant tout une question politique et de défense de vos droits en dehors des chantiers.
Marc-André Blanchette
Responsable des communications – Association des Manoeuvres Inter-Provinciaux